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La grenouille, l'eau qui chauffe et la vie qui passe

Une amie avec laquelle je discutais me faisait partager la démotivation qu’elle ressentait depuis quelques temps dans son travail. Ou plus exactement dans son entreprise, car, me dit-elle, « j’adore ce que je fais ! En réalité, je ne supporte plus le manque de… »

« Le manque de quoi ? lui demandai-je alors.

-En fait je ne sais pas trop, me répondit-elle. Les décisions ne se prennent pas ; tout met des jours à attendre une validation, même pour les plus simples décisions ; les gens sont sympas, mais plus motivés tellement leur travail n’est pas reconnu ; on ne les sent pas engagés : on fait c’est bien, on ne fait pas tant pis ; une sorte de fatalisme léthargique s’est emparé de nous…

-Qu’est-ce qui t’empêche toi, de bouger, de regarder les opportunités, d’aller voir ailleurs ?

-Rien, tu as raison, me dit-elle. Simplement, je suis comme les autres, je n’ai pas trop le courage de m’engager dans un changement important : je ne suis pas si malheureuse que cela, je suis payée correctement, je maîtrise ce que je fais et donc je suis libre plus tôt le soir et je n’ai pas de stress à emporter avec moi à la maison… bref, ce n’est pas enthousiasmant, mais c’est tranquille ! »

Tout est dit…

Portés à feu doux

Cela m’a furieusement rappelé le syndrome de la grenouille qui finit par cuire dans la marmite d’eau tiède dans laquelle on l’a plongée et dont on monte progressivement la température. C’est tellement agréable au début qu’elle s’y prélasse, se détend, laisse ses muscles se ramollir un peu. Elle l’a bien mérité au fond, elle si active toute la journée. Simplement à force de s’être laissé engourdir, elle est incapable de réagir et de s’extraire de la marmite une fois que l’eau y aura été portée à température de cuisson…

Si on avait plongé notre petite grenouille immédiatement dans de l’eau bouillante, elle se serait par réflexe et instinct de survie, propulsée hors de la marmite et aurait eu la vie sauve.

Il y a des tas d’histoires de boxeurs et de grands sportifs qui se laissent griser par leur succès et tout le confort matériel qu’il leur apporte, puis qui chutent de leur piédestal le jour où ils se retrouvent confrontés à un nouveau boxeur qui a faim, comme on dit dans le sport.

Sans doute l’univers de la boxe est-il suffisamment dur en soit pour fournir des histoires sans nuances. Sans doute mon amie n’est-elle pas, comme elle le dit elle-même, dans l’urgence de changer et donc de remettre en cause des habitudes confortables de sa situation actuelle.

Lâcher du lest pour monter plus haut

Ainsi, si elle ne ressent pas le besoin de changer, elle a raison de ne pas le faire, de ne pas se forcer et d’attendre le moment propice. Elle le reconnaîtra quand il se présentera.

Chacun de nous connaît cette situation où, faute de se trouver dans l’urgence qui mobilise nos forces et notre détermination, nous n’engagerons pas les évolutions nécessaires pour nous sortir d’une situation devenue in-supportable, littéralement, que l’on ne peut plus porter, dont-il faut se débarrasser, comme on jette à bas le sac à dos devenu trop lourd pour nous permettre de gravir les derniers hectomètres de l’ascension, avant que ne survienne le vrai mauvais temps.

Alors, tant pis pour ce qu’il y a dans le sac, la lampe de poche, le bon bouquin, le carnet de chansons, les petits biscuits que l’on aime tant, les photos de ses proches qui nous accompagnent partout… bref toutes ces choses plaisantes certes, mais pas essentielles comparées à… la vie, à cette exaltation que l’on ressentira de nouveau en franchissant cette dernière distance qui nous mènera au-dessus des nuages et qui nous permettra d’atteindre le but que nous nous sommes fixé, en étant vraiment nous-même.

Bertrand Piccard, le médecin aéronaute célèbre pour avoir notamment fait le tour du monde en ballon puis à bord de Solar Impulse, son avion à l’énergie solaire, le dit très bien dans son livre « Changer d’altitude ».

Pour ma part, ces quelques réflexions que je partage avec vous, tirées de mon expérience à Miroir d’Avenir, m’amènent à me dire, très trivialement, que les grenouilles que nous sommes, si elles veulent rester vertes, alertes et ne pas terminer en fricassée dans une assiette, ont intérêt à préférer la douche au bain chaud…


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